Il nous appartient parfois de nous confronter à la réalité de nos rêves, pour ne plus les voir comme des obstacles.
« Un jour je trouverai un pays où je me poserai à jamais. Je n’aurai plus besoin de rejoindre mes semblables et de changer d’horizon, de climat, puis de revenir au printemps. »
Ce rêve revenait de plus en plus fréquemment et il laissait à chaque fois une trace d’amertume, de regret et même de tristesse.
Et voilà qu’une année, mais cela se préparait depuis un moment, les températures se stabilisèrent. Les saisons se fondirent l’une dans l’autre, il n’y avait plus ni hiver, ni été, ni printemps, ni automne, mais un climat plutôt fade, « grisouillou » même quand il faisait soleil, sans gel scintillant ni canicule ardente.
L’hirondelle se réjouit. « Ah, je vais pouvoir garder ma maison, l’aménager différemment, faire de l’aquarelle »… La température restait clémente, l’hirondelle commença à réaliser quelques-uns de ses rêves.
Les jours ressemblant les uns aux autres, l’hiver passa très vite, le printemps revint, l’été passa, l’automne revint à son tour et notre hirondelle se réjouit à nouveau de pouvoir rester sur place, de ne pas avoir à faire ce long voyage fatigant.
Mais cette année là, elle prit moins de plaisir à rester dans sa maison, à voleter et se poser sur le même territoire qui était le sien. Ce qui lui manquait le plus, c’était de rêver et une hirondelle qui ne rêve plus est semblable à une hirondelle sans ailes. Des ailes elle en avait, mais c’était des ailes sans énergie ; elles ne lui permettaient plus de s’élancer vers l’horizon. Elle vaquait à ses occupations d’hirondelle, mais le cœur n’y était plus.
Quand l’automne revint, elle quitta sa maison et décida de se joindre au grand voyage. Son amoureux – il se prénommait Nicolas, ou Valentin, selon les jours, selon l’Amour – l’y accompagna. Elle savait que ce serait LEUR voyage ; elle voulait encore sentir le sel de la mer, entendre le bruit du vent, se reposer et rêver sur une plage dorée, voir le soleil rouge se coucher dans un lit de ciel encore bleu.
Elle voulait aussi se fondre dans un grand flot d’amitié, d’amour, d’affection, dans le même élan du plaisir d’être ensemble, de plaisanter, d’échanger, en toute amitié, sans calcul.
Danièle Deckmyn