A la suite de la sortie qu’il a organisée, le 11 mars 2019, à Cadarache, avec les visites du centre expérimental du CEA et du chantier d’ITER, le Général ESCOFFIER nous propose cet article synthétique, en attendant, en principe, la publication d’un article plus complet dans le prochain numéro du Courrier de Valescure.
Vue du chantier du cœur du réacteur ITER
Le projet ITER (International Tokamak(1) Experimental Reactor), « le chemin » en latin.
Localisation : centre CEA de Cadarache 13115 SAINT-PAUL-LES-DURANCE
Partenaires: 35 pays rassemblant l’Union européenne, la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée, la Russie et les États-Unis.
Mission : démontrer en vraie grandeur sur terre la viabilité scientifique de l’énergie de fusion des atomes d’hydrogène, énergie propre et quasiment illimitée, qui alimente le soleil depuis plus de 4 milliards d’années.
Coût estimé : 20 milliards d’euros.
Calendrier : début d’assemblage en 2020, premier plasma en 2025, montée en puissance en 2035, fourniture d’énergie en 2045.
(1) TOKAMAK: en russe, Chambre Toroïdale avec Bobines Magnétiques de confinement
Après quelques ratés à l’allumage, malgré un coût qui a explosé pour atteindre les 20 milliards d’euros, le projet ITER serait sur de bons rails. L’assemblage du Tokamak, machine ultra-sophistiquée destinée à exploiter l’énergie de fusion, doit débuter en 2020.
35 pays partagent cette aventure de longue haleine, comparable à la recherche spatiale.
Comment le projet de réacteur expérimental ITER va profiter économiquement à la région PACA ?
500 millions d’euros par an
« Des représentants des 35 pays viennent passer cinq, dix ans en Provence. Ils en apprécient la qualité et seront d’excellents ambassadeurs de votre région à leur retour » insiste Bernard Bigot, directeur général d’ITER Organization.
Mais, plus important, ITER est, dès à présent, synonyme de retombées économiques pour le Sud-Est. « Notre organisation dépense 500 millions d’euros par an, dont 100 millions de salaires, consommés sur place », dévoile Bernard Bigot, soulignant « cet impact extrêmement positif ». Ce n’est pas le seul. Certaines entreprises locales bénéficient de l’activité liée à ce méga-chantier. Exemple, cité par Bernard Bigot : « Une entreprise chinoise ou coréenne qui vient s’installer sur le site s’appuiera sur un intermédiaire local ».
Surtout, certains fleurons industriels régionaux ont décroché des contrats.
À l’instar du groupe CNIM (Constructions industrielles de la Méditerranée). C’est sur son site historique de la Seyne-Sur-Mer que sont conçus et fabriqués certains des composants, aussi complexes qu’imposants, destinés à ITER. 50 employés y travaillent. Et 70 autres s’affairent à Cadarache. CNIM a décroché son premier contrat en 2009, « pour les grosses pièces complexes d’ITER : des supports destinés aux aimants toroïdaux qui permettent de générer le plasma », explique François-Xavier Catelan, directeur nucléaire et grands instruments scientifiques chez CNIM. Depuis, son groupe a édifié un bâtiment sur mesure, investi dans des machines de haute précision. À la clé : une trentaine de contrats représentant 150 millions d’euros. Treize sont toujours en cours. Même à l’échelle de ce projet pharaonique, CNIM apparaît comme « l’un des acteurs très importants », reconnaît François-Xavier Catelan. « ITER est une vitrine, mais correspond aussi à notre ADN. Il permet de préparer l’avenir avec la fusion, plutôt que la fission. C’est l’une des solutions pour répondre aux enjeux climatiques et énergétiques futurs. »
À Pertuis (Vaucluse), Assystem a fait le pari ITER encore plus tôt. Dès 2006. « Ce n’était encore qu’un terrain vague », sourit Sébastien Bonici, responsable de l’agence de Pertuis, en charge de l’activité ITER. Son entreprise intervient « à 90% » pour de l’ingénierie. Mais aussi dans le design, la construction de bâtiments ou l’assemblage. Assystem mobilise 150 employés sur ITER, décroche là « une belle vitrine », en même temps que 15 millions d’euros de chiffre d’affaires annuels.